Jadis, dans un pays très  lointain, il y avait un petit village appelé Pottos. Une rumeur disait que ce village, juché sur une colline était maudit. Que les personnes qui s’y aventuraient étaient changées en crapauds répugnants, en grenouilles dégoûtantes, ou encore en souris. Mais tout cela n’était que pure invention et fantasme. En réalité, les habitants étaient en grande majorité, de pauvres paysans qui vivaient dans la peur et dans la misère.

Leur récolte n’était pas très abondante, les marchés étaient totalement vides de victuailles. Les enfants étaient faméliques et beaucoup d’entre eux mourraient de faim.

 

Mais le pire dans tout ça est que ces pauvres gens étaient soumis à une dictature terrible. L’église de Solferino qu’on surnommait  « l’église dominatrice » contrôlait tout le village. Chaque mois, les villageois devaient verser la moitié de leur salaire à l’église. Les paysans devaient cultiver les terres de l’église ou de donner les trois quarts de leur récolte.

Ceux qui par malheur entraient en révolte contre l’église finissaient en prison, ou même pour certains déchiquetés par les crocs acérés des chiens de gardes de l’église. Ceux qui prenaient leurs jambes à leur coup, étaient attrapés et brûlés vifs.

 

 

A deux ou trois lieues de ce petit village se trouvait une petite communauté religieuse. C’était la seule communauté qui résistait encore à  l’emprise de cette église malsaine et machiavélique. C’est de là que leur venait leur sobriquet : « La communauté des intouchables ». Dans cette communauté, vivaient sept femmes et leur gardien, Jean- Philippe. L’ainé se prénommait Marie elle était belle, élancée, svelte et tout le monde était béat devant sa beauté. Les cinq suivantes avaient toutes le même prénom  qui était  Delphine et se ressemblaient comme deux gouttes d’eau ; pour les différencier, on leur avait donné un numéro de un jusqu’à cinq.  Par exemple la première, signifiait la plus grande des Delphine et la cinquième la plus petite. Enfin la cadette Joséphine n’était pas comme ses autres sœurs. Elle était ridée, voûtée et laide. Elle portait régulièrement une redingote défraîchie et un pantalon effiloché. Elles étaient gentilles, généreuses et surtout elles avaient des pouvoirs surnaturels. Les nuits de pleine lune, elles se téléportaient de maison en maison en apportant des vivres aux pauvres. Cela ne plaisait pas du tout à l’église qui s’inquiétait de la popularité de ces femmes. Elle avait décidé de les éliminer mais ne savait pas comment s’y prendre, car elles étaient insaisissables.  

 

 

Les invités inattendus

 

Certains jours, les sœurs avaient l’habitude d’inviter chez elles des mendiants. Un soir, pendant que les sœurs étaient en train de prier dans une chapelle, leur gardien, Jean-Philippe avait vu le bouton de la porte tourner.

Il avança à pas de loup puis regarda dans le trou de la serrure. Son cœur battait très fort car les sœurs n’attendaient personne ce jour- là. Il demanda :

 « Qui  est là ?

-Des mendiants, répondirent deux voix tremblantes «  nous avons faim et nous désirions que les sœurs nous portent secours. » Rassuré, le gardien, Jean-Philippe ouvrit la porte. Aussitôt, des hommes complices de l’église l’entrainèrent dans la cave de la maison en le bâillonnant et en le frappant à coups de chaussures de ski. Ensuite, ils repartirent avec lui par la petite porte de la cave.

 

Le lendemain, les sœurs reçurent une lettre : 

 

 

Chères sœurs                                                                                

Si vous voulez revoir votre gardien  vivant, prenez vos cliques et vos claques 

Et déguerpissez d’ici.                                                                               

                                                                               Signé : Le curé Tartare 5

 

Folles de rage, les sœurs  décidèrent de régler cette affaire une fois pour toute.

                

 

Les sept chaises

 

On raconte que le grand-père de ces sœurs,  avait ramené d’Alaska, sept chaises, qui renfermaient des pouvoirs illimités. Elles pouvaient remonter dans le temps, voler à travers l’espace, et puis surtout avaient le pouvoir de faire disparaître dans une autre dimension des personnes. Pour la première fois, les sœurs vont se servir de ces chaises pour délivrer leur gardien. Elles se rendirent à l’église.qui se trouvait  au milieu des arbres dénudés et macabres au fin fond de la forêt Cataclysme. Elles frappèrent à la porte. Une voix demanda :

« Qui est- ce ?  

- Les princesses d’Arabie Saoudite, rétorquèrent les sœurs »

Le curé ouvrit la porte. Aussitôt, tout le personnel de l’église se retrouva aspiré dans une autre dimension et disparut à tout jamais. Et depuis ce jour, les sœurs se sont mises à sillonner le monde pour délivrer les villes et les villages sous l’emprise des dictatures.

 

La cinquième s’est arrêtée en France, dans l’église qui s’appelait Beurre Caviar de Paris.

On rapporte que sœur Delphine (la cinquième), était apparue assise sur sa chaise en lévitation à quelques mètres du sol dans la nef de cette église. Elle s’était adressée aux deux archevêques  présent ce jour là pour leur demander de distribuer leurs biens aux pauvres.

 

 

Gaël